Devant Villeroy, a trente kilometres de Paris menace par von Kluck, le lieutenant Charles Peguy a ete << tue a l'ennemi >> parmi tant d'autres, d'une balle en plein front, le 5 septembre 1914, a la veille du << miracle >> de la Marne. En bon chef de section, debout devant ses hommes, cloues dans les betteraves par le terrible feu allemand. En criant : << Tirez, tirez, Nom de Dieu ! >>.Comment et pourquoi cette mort, ce sacrifice, cet heroisme aussitot celebre ? Ce recit suit a la trace le poete en pantalon rouge, l'insurge permanent mort reglementairement, le reserviste de quarante ans qui a voulu rester d'active, le patriote et le chretien qui pressentait deja la menace sur la civilisation mais qui est parti, vaillant et apaise, << soldat de la Republique, pour le desarmement general, pour la derniere des guerres >>.Jean-Pierre Rioux revient sur l'enfant du faubourg Bourgogne a Orleans qui apprend a lire dans Victor Hugo, sur le jeune socialiste qui attaque l'armee << fermement sans haine >>. Il accompagne le mobilise en uniforme qui fait sa tournee des adieux du 2 au 4 aout dans un Paris << des jours de fete ou tout le monde se tait >>. Il detaille les cinq semaines de combat du chef de section : les preparatifs guerriers a Coulommiers, la montee en ligne vers les Haut-de-Meuse, la terrible retraite en quasi debandade, de Somme en Brie, quand le pire etait au rendez-vous. Jusqu'au sursaut de la Marne, qu'il n'a pas pu connaitre.